ARISTOTE

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Sommaire


1. Résumé des trois premiers livres d'Aristote

2. Critique de la thèse socratique : le volontaire ou l'involontaire

3. Conclusion générale :

1. Résumé des trois premiers livres d'Aristote

1.1. L'homme

Aristote a bâti sa morale, son éthique sur son anthropologie : nous reprendrons une phrase célèbre de Platon qui convient fort bien à la définition aristotélicienne de l'homme : " l'homme c' est l'esprit " . " Ce qu'il y a de plus excellent et de plus agréable c' est la vie selon l'intellect, car l'intellect est au plus haut l'homme même, cette vie là est la plus heureuse " . Parce que l'homme est essentiellement esprit et parce que le corps est pour nous un autre, toute la morale consiste à vivre la vie de l'esprit, et non la vie de cet autre qu'est le corps : " il serait étrange que l'homme accordât la préférence non pas à la vie qu'il lui est propre mais à la vie de quelque chose autre que lui."

1.2. Le bonheur

" S'il n'y a de nos activités quelques fin, que nous souhaitons pour elle-même, tout le reste n'étant souhaité seulement que pour elle, il est clair que cette fin ne saurait être que le bien, le souverain bien". Le souverain bien, c'est ce à quoi l'homme aspire, comme à une fin dernière qui lui procurerait une satisfaction totale . La grande question de toute la vie morale est : "quel est, de tout les biens réalisables, celui qui est le bien suprême" . Pour Aristote, c'est le bonheur et il ajoute que tous les hommes sont d'accords sur ce point. Mais qu'est ce qu'est le bonheur : "il faut dire clairement qu'elle est la nature du bonheur, peut être pourrait on y arriver si on déterminait la fonction ou la tâche de l'homme" . Qu'est l'activité propre de l'homme ? Définition de l'ergon : l'ergon d'un être, c'est sa fonction, sa tâche, son œuvre propre, tout être a une tâche à accomplir, existe pour cette tâche et c'est à l'accomplissement de cette tâche qu'on reconnaît ce qu'il est vraiment. Par exemple, l'ergon de l'oeil est de bien voir. L'ergon de l'homme, ce n'est pas la tâche de la vie animale ou de l'âme végétative, vivre au sens biologique du terme, mais c'est la tâche de la partie rationnelle ( exister au sens humain du terme) seule l'homme possède la raison, accomplir sa tâche d'homme, c'est exercer cette raison, c'est donc penser. Il ne faut pas que l'homme accomplisse sa tâche n'importe comment mais bien. L'activité de la pensée, pour être réussie et donc heureuse, doit être, non pas quelconque mais de la meilleure qualité, hors l'homme n'accomplira bien sa tâche qu'en mettant en œuvre la vertu. Le souverain bien (pour Aristote) c'est une activité de la pensée selon la vertu.

2. Critique de la thèse socratique : le volontaire ou l'involontaire

 2.1. L'involontaire :

"L'involontaire : on admet d'ordinaire qu'un acte est involontaire lorsqu'il est fait sous la contrainte ou par ignorance"

2.2. La contrainte :

On distinguera la contrainte intérieure et la contrainte extérieure.

2.2.1. La contrainte extérieure

"Est fait par contrainte tout ce qui a son principe hors de nous, c'est à dire un principe dans lequel on ne relève aucun concours se l'agent et du patient. Si, par exemple, on est emportés quelque part soit par le vent, soit par des gens qui vous tiennent en leurs pouvoirs".

2.2.2. La contrainte intérieure ou la passion

La passion, selon Aristote, n'est pas excuse, car elle n'est pas extérieure à nous. Elle nous est intérieure, hors les choses, dont le principe est en l'homme lui-même, il dépend de lui de faire ou non. C'est donc volontairement que nous faisons ce que nous faisons par passion (idée contraire à l'idée populaire du caractère irrésistible de la passion).

2.3. L'ignorance

Elle n'est pas toujours involontaire, faire le mal par ignorance, ce n'est pas toujours faire le mal involontairement. On doit distinguer l'action accomplie par ignorance et dans l'ignorance.

2.3.1. Dans l'ignorance

Lorsque le chauffard ivre a provoqué un accident, on ne saurait dire qu'il l'a fait exprès, c'est l'ivresse qui lui fait perdre la maîtrise de soi : il n'a pas voulu l'accident, mais cela ne suffit pas à le déresponsabiliser : c'est une action accomplie dans l'ignorance. Si le délit du chauffard n'est pas à proprement parler volontaire, il n'est pas non plus involontaire. En effet, il savait pertinemment lorsqu'il a commencer à boire qu'il ne fallait pas prendre le volant. Il est donc responsable d'avoir agit par ignorance volontaire du danger qu'il y a à conduire dans un état d'ébriété. Il est donc responsable du fait qu'il sera irresponsable quand il aura bu.

2.4. Le volontaire

2.4.1. L'habitude, la disposition, le caractère

Il faut toujours garder en mémoire l'axiome du livre : "c'est par l'exercice des actions particulières que l'homme acquiert un caractère du même genre qu'elle", ou plus simplement : "la disposition du caractère se définit par ses activités." Vertu et vice ne sont pas tant affaire de nature que d'habitude. Ce ne sont pas des qualités déjà données mais des qualités devenus. La vertu est un état habituel acquis par la répétition d'acte vertueux. L'homme doit prendre l'habitude d'obéir à la partie rationnelle de son être. Ainsi, l'obéissance à la raison deviendra de plus en plus facile. Le sujet vertueux accomplit des choses vertueuses de façon régulière, et surtout il s'établit entre les choses vertueuses et lui-même une sorte de parenté, d'affinité : il se tourne maintenant volontiers vers elles, il ne fait pas les choses morales pour quelques intérêts, par simple obligation, mais pour leur caractère moral, il ne fait pas les choses pour les conséquences pratiques mais faire quelques chose pour la beauté du geste. Par exemple, le courage : "Prenons pour définition qu'être courageux, c'est tenir bon au combat. On peut le faire :

- pour les honneurs civiques : on est alors bon citoyen, mais n'ont pas courageux au sens propre.
- parce que l'on a l'expérience du danger : on est alors un homme de métier, mais non précisément courageux.
- parce qu'on méconnaît la réalité du danger : on est alors un sot et non pas un homme.

 L'homme est courageux quand il tient bon pour la beauté du geste, parce que c'est bon". Autrement dit, pratiquer la vertu c'est le faire pour la beauté qui est immanente aux choses vertueuses.

2.4.2. Le vice moral

Il en va de même pour le vice, qui est un état habituel, acquis par la répétition d'actes vicieux. On n'est pas vicieux par la naissance, mais par contre on peut le devenir.

2.4.3 L'intention et la décession

La vertu comme le vice, est pour Aristote une disposition qui exprime une décision dont nous sommes le principe qui engage notre liberté, notre responsabilité, notre mérite.

3. Conclusion générale :

"L'homme est le père de ses actes". Plus que de nature, vertu et vice sont pour Aristote affaire d'habitude. Contre Socrate, Aristote a voulu justifier la responsabilité du vouloir, ou la coopération de l'homme à son propre destin. L'homme est le père de ses actes ou mieux, le principe de ses actions ou l'auteur de sa destinée morale qu'il façonne en agissant selon qu'il voudra, l'homme deviendra par ses actes l'homme .Certes on ne peut nier que notre conduite soit influencée par notre milieu mais au fond nous sommes responsables de ce que nous sommes. Aux yeux d'Aristote, Socrate est trop indulgent, ce qui rend impossible la responsabilité en général. Une volonté, qui ne peut pas être mauvaise, qui ne peut pas être bonne, n'est pas une volonté. Selon Jankélévitch : "Entre le bon vouloir, unilatéralement bon, et le mauvais vouloir, unilatéralement mauvais, il y a la liberté bicéphale, la volonté libre est le bivouloir, celui qui peut choisir entre le bien et le mal. La liberté n'est donc libre que si elle est bifurquée, si elle est vouloir libre de faire le bien et le mal"


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Dernière modification :vendredi 6 mars 1998